Les trousses de survie sociale / Social survival kit

date / 2006 2007
lieu / Rennes (35)
Caractéristique / 15 boites métalliques laquées rouge de 32 cm x 32 cm x 10 cm, carton, objets industriels divers et documents impression numérique
Participation / 15 familles du quartier de Maurepas
Production / G.R.P.A.S.



Sur le principe des trousses à pharmacie, des nécessaires de toilette, des boîtes à outils pour le parfait petit bricoleur, etc., moi et les pédagogues du GRPAS avons rassemblés ce qui semblait nécessaire à la survie sociale. Ce travail a été rendu possible grâce à la collaboration de plusieurs familles vivant dans le quartier de Maurepas.

Pour la première fois, les trousses de survie sociale forme la matière plastique des représentations collectives qu’il est urgent de reconnaître comme étant au fondement de notre vie quotidienne. Ce qui se dérobe au regard du quotidien est ici visible au terme d’une concentration d’éléments matériels qui fondent l’a priori subjectif de notre existence sociale. L’œuvre qui en résulte regroupe autant de témoignages individuels que de modèles opératoires pour l’organisation de la survie sociale que chacun s’impose au vu des conditions d’existences de tous. Elles dévoilent les présupposés matériels qu’accompagnent les actions routinières de la (sur-)vie sociale : se déplacer, se loger, travailler, consommer, communiquer, voter, etc.

Le choix thématique de la survie sociale et de ses routines constitue un objet de construction sociale intéressant, car il touche le lien qui relie l’individu à la société. Ce lien est généré par l’individu et alimenté par l’institution. Par exemple, il me semble que l’homme créé ses propres institutions de contrôle par le biais des représentations qu’il se fait lui-même de la survie sociale : l’argent, le travail, les papiers d’identité, etc. L’action et l’instauration des routines dans le cadre du groupe social constitue un caractère propre à l’action individuelle pratique et son potentiel subjectif. Par contre, les obstacles, le cadre institutionnel, législatif et les nécessités courantes sont le fait de la construction objective du monde social, reconnue comme une norme. Ils sont les déterminants de l’objet mêmes de cette survie sociale : consommation, statut social, nationalité, etc.

C’est pourquoi pour exposer les trousses de survie sociale nous privilégions les lieux institutionnels — sanctuaires de l’action sociale, du contrôle social et de son efficience — ainsi que des lieux d’activités associatifs. Nous propulsons ainsi notre action dans le champ politique, action révélatrice d’une articulation combinatoire entre les acteurs d’une société en train de se faire et les acteurs politiques et institutionnels qui maintiennent, fabriquent et interprètent à leur tour l’expertise de l’individu et du groupe social auquel il appartient.

Romain Louvel 2007
This project is based on the model of pharmacy kits, toiletry bags, tool boxes, etc. With pedagogues of GRPAS, we gathered what seemed necessary for social survival. This work was possible through the collaboration of several families living in the neighborhood of Maurepas.

For the first time, the social survival kits inaugurates artistic collective representations that it is urgent to recognize into the foundation of our daily lives. What is hidden in the light of day is visible here with a concentration of concrete elements which establishe subjective a priori of our social existence. The resulting artwork gathers much individual testimonies as operating models for the organization of social survival that each is required in front of the existential conditions of all. They reveal the material presupposition which go with social survival routine : move, live, work , consume, communicate, vote, etc.

The thematic of social survival and its routines is an interesting object of social construction, because it affects the link that connects the individual to society. This link is generated by the individual and supplied by the institution. For example, it seems to me that human creates his own institutions to control representations through is own idea of social survival : money, work, identity papers , etc. The action and the establishment of routines within the social group are a characteristic of individual practical action and its subjective potential. On the other hand, barriers, institutional and legislative frame, and all daily necessities are the result of the objective construction of social world, recognized as standard. They are the determinants of the aim of this social survival : consumption, social status, nationality, etc.

That is why we prefer institutional place to exhibit social survival kits — social action sanctuaries, social control and its efficiency — as well as places of associative activities. So we propel our actions toward the political field, revealing action of a combinatorial relationship between the actors of a making society and the political and institutional actors who maintain, construct and interpret in turn the expertise of the individual and his social group.


Romain Louvel 2007